Le château de Valprivas, sur les marches du Forez et du Velay, s’ouvre au public et révèle ses secrets…

Daté du XIVe siècle pour ses parties les plus anciennes, le château de Valprivas est un témoin de l’histoire. Ses vieilles pierres ont traversé les âges… Du XIVe au XVIe, ou encore du XVIe au XVIIIe, chaque époque a laissé sa trace dans l’édifice d’origine médiévale.
En bas, dans la cour carrée, une vieille porte en bois ornée de fer forgé, sous un fronton Renaissance, se dessine… L’entrée de la chapelle Saint-Agathe-de-Catane. C’est le clou du spectacle ! Là, se trouve le plus grand trésor du château : deux peintures murales. La Résurrection d’un côté et l’Enfer de l’autre. Découverte des lieux avec leur propriétaire, Pierre Dufetel.

Quand mon épouse et moi avons acheté ce château, j’étais à Montréal. On vivait aux Etats-Unis depuis 10 ans et j’avais envie d’autre chose. J’avais envie de vieilles pierres dans un cadre calme et rural… '

Mais avant, un peu d’histoire sur le château de Valprivas en Auvergne…

Le plus ancien titre connu du château de Valprivas remonte au XIVe siècle, vers 1370. « Durant la première partie de la Guerre de 100 ans », rappelle Pierre Dufetel. Fondé il y a plus de mille ans, il fut fortifié par une famille chevaleresque pour faire face aux hordes de mercenaires ravageant les campagnes. L’édifice s’est depuis peu à peu transformé…
Doté d’une fonction militaire jusqu’au XVe siècle, avec ses hourds (aujourd’hui disparus), son chemin de ronde et ses meurtrières, il a été embelli à la fin du XVIe siècle pour devenir, à la Renaissance, un lieu d’habitation beau et confortable.

Notamment grâce à l’un de ses illustres propriétaires : Antoine du Verdier, humaniste et bibliographe français. Dès 1577, il fait du château de Valprivas sa maison de campagne. Il multiplie alors les ouvertures pour faire entrer la lumière et lui donne un style à l’italienne.

Plus tard, au XVIIIe siècle, le besoin de lumière se fait encore plus grand. Dans les façades du château, les baies s’agrandissent, notamment sur l’aile sud.
Disposé en fer à cheval autour d’une cour carrée, le château de Valprivas s’ouvre sur un logis finement décoré et riche de plusieurs influences. Deux galeries à l’italienne sur croisée d’ogives, habillent la façade gothique et apportent à la bâtisse rurale, un air citadin, proche des maisons bourgeoises lyonnaises.

Sur la tour d’escalier, les sculptures en bas-relief qui encadrent la porte sont de la même époque. Aujourd’hui grandement endommagées par la Révolution et le temps, elles devraient faire l’objet cette année d’une campagne de restauration.
Enfin l’aile droite, au nord, est occupée par une chapelle au plan carré, elle aussi voûtée sur croisées d’ogives de style gothique flamboyant (XVe siècle).

Antoine du Verdier : un illustre propriétaire du Château de Valprivas

Antoine du Verdier est un homme à plusieurs casquettes. Et j’aime les gens qui font plein de choses, qui touchent à tout.'

Pierre Dufetel déclare qu’il étudie l’histoire du château et de ses anciens propriétaires depuis son installation en Haute-Loire, en 2015.

Parmi eux, Antoine du Verdier a retenu son attention. C’était selon lui un grand homme. Doté d’une grande intelligence. « Un érudit » dit-on à l’époque. Intendant de Lyon à l’époque de son installation à Valprivas (collecteur des impôts de Lyon), il termina sa carrière en 1600 comme Conseiller du Roi, gentilhomme ordinaire de la Maison du Roi. Antoine du Verdier était aussi un homme de lettres. « Il avait une bibliothèque fameuse ! Il fut l’un des auteurs de la première anthologie de la littérature française en 1585 ».

Si bien, qu’en 1585, il rendit le château de Valprivas célèbre, en y créant sa librairie. « Sa maison d’édition, dirions-nous aujourd’hui », précise le châtelain. Il fut aussi un homme politique qui défendit à Lyon par ses écrits le parti du Roi contre la Ligue, ce qui valut au château de Valprivas en 1591 d’être bombardé et saccagé.
Petite anecdote : le squelette d’un archer datant de cette époque a d’ailleurs été retrouvé sous la chapelle du château dans les années 60, lors de la réhabilitation de l’édifice. Son thorax était transpercé par une flèche ! Enterré religieusement après sa découverte, « l’archer inconnu » est donc toujours là, sous le sol de la chapelle.

Antoine du Verdier n’est que trop peu connu en France et en Haute-Loire. D’ailleurs, « aucune rue, place ou boulevard ne porte son nom. Mais quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une « rue Antoine-du-Verdier » à Québec, lors d’une promenade avec ma fille ! », confie Pierre Dufetel. La mort d’Antoine du Verdier étant en effet, contemporaine de la fondation de la « Nouvelle France » au début du XVIIe siècle.

Pour la petite histoire, l’illustre propriétaire du château est mort à Duerne dans la région lyonnaise à 56 ans alors qu’il préparait le deuxième mariage d’Henri IV avec Marie de Médicis, la future Anne de France. « C’est ce que j’aime dans l’histoire locale. Quand elle croise le chemin de la grande Histoire de France ! »

château de Valprivas du XIVe siècle

Les deux peintures exceptionnelles de la chapelle Sainte-Agathe-de-Catane

C’est le clou de la visite !

La petite chapelle castrale de 25 m², consacrée en 1493, conserve en effet deux importantes peintures murales du début du XVIIe siècle. Sur sa paroi orientale, la Résurrection est illustrée sous l’arc formé par la voûte (en face sur la photo). C’est une vaste peinture murale, semi-circulaire, de 5 m de large sur 2 m de haut, d’influence italienne. « Très Renaissance, avec ces trois grâces dénudées. » Une première peinture caractéristique de l’école de Primatice, de Fontainebleau.

De part et d’autres de la Résurrection se tiennent deux groupes de donateurs à genoux. Parmi eux, Antoine du Verdier (à gauche) et son fils aîné, Claude du Verdier (à droite), le commanditaire de ces œuvres.

Sur le mur sud voisin, une autre peinture murale se dessine… Cette fois, L’Enfer. Une composition inscrite dans le tympan-lunette de la chapelle, cette fois caractéristique de l’école de Rubens, mis au jour en 1969 sous les plâtres.

C’est celle que je préfère'

Elle est moins statique, plus riche en mouvement. Une descente aux enfers, obscure, peuplée d’animaux fantastiques et de créatures inquiétantes qui participent à la chute des âmes dans la fournaise infernale. « Sans aucun doute une œuvre unique », termine le propriétaire.

Source : Château et peintures Valprivas de François Enaud, p. 27, 1990.
La chapelle est classée Monument historique depuis 1960.

Le château de Valprivas, un écrin historique pour l’art et la musique 

Au début des années 60, le château de Valprivas était en ruine. Mais une équipe de jeunes Vosgiens, parmi lesquels Carl de Nys, musicologue renommé, prêtre catholique et historien de la musique (qui a d’ailleurs donné son nom à la place de Carl-de-Nys où s’élève le château), ainsi qu’Hélène Salomé, grande pianiste, tout-deux sous le charme du domaine, rachètent la bâtisse avant de la remettre en état. De lourds travaux de sauvetage et de réaménagement s’engagent…

Ensemble, ils créeront le Centre culturel du château de Valprivas, organisant des concerts, ainsi qu’une école de musique. Et le château devint alors un haut lieu culturel de la région.
« Les pierres ont une mémoire… », souffle Pierre Dufetel, désireux de redonner au château son aura d’antan. Pour renouer avec ce passé, lui et sa femme, Hélène Lamarque, ont décidé de créer une association à leur tour : Les Amis du château de Valprivas et soutenir ainsi une nouvelle activité culturelle au château.

Les manifestations musicales étant traditionnellement organisées dans la salle de concert du château, au premier étage de la maison forte, le couple a plus que jamais décidé d’y adjoindre des expositions d’art plastiques, dans une salle de monstration réaménagée à cet effet.

C’est là, en haut de l’escalier monumental en colimaçon taillé à la main à l’herminette au XIVe siècle et après les galeries à l’italienne de l’époque d’Antoine du Verdier que s’ouvre une porte, sur le cœur névralgique de l’activité culturelle du château : la salle de concert, créée il y a près de 40 ans.

Une salle richement décorée où trône un piano, ainsi qu’une centaine de places, prêtes à accueillir les spectateurs cet été.
Les Amis du château de Valprivas accueilleront en effet, le dimanche 3 juillet, la grande violoncelliste et compositrice Sonia Wieder-Atherton, accompagnée de sa pianiste. Depuis quelques années, la musicienne met en espace des spectacles musicaux Chants Juifs pour violoncelle et piano, sur des textes de sa composition.

Ce jour-là, elle sera aussi accompagnée de l’artiste peintre Colette Brunschwig, née en 1927. Passionnée d’art chinois, elle proposera en parallèle du concert de son amie, l’exposition de ses œuvres contemporaines dont elle puise l’inspiration dans la métaphysique juive et la Chine antique. Ces œuvres seront visibles tout au long du mois de juillet au château de Valprivas.
A la rentrée de septembre, le château devrait accueillir un nouveau concert, cette fois de musique Renaissance avec la participation d’un groupe local.
Un château qui mérite le détour, historiquement comme culturellement, d’autant que les visites sont guidées par les propriétaires en personne ou leur fille ! Quoi de plus enrichissant ?

Les visites sont organisées uniquement sur réservation en juillet et en août. Contacter les propriétaires pour convenir d’un rendez-vous.

En savoir plus

Château de Valprivas

73 Place de Carl de Nys
43210 Valprivas
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